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Papier vs numérique : imprimer vaut mieux que 3 consultations en ligne !

Image contrastant deux actions informatiques : à gauche, la touche 'Imprimer' sur un clavier avec une icône de l'imprimante, et à droite, une pile de documents PDF avec une flèche de téléchargement 'Ouvrir un PDF 3 fois', symbolisant que l'ouverture multiple d'un PDF en ligne équivaut à une impression unique

La transition du papier au numérique a longtemps été marquée par le slogan « Adieu papier, sauvons les arbres », suggérant que le format numérique est plus respectueux de l’environnement. Cependant, la complexité du cycle de vie des appareils électroniques, de leur production à leur élimination, ainsi que le stockage et l’accès aux informations en ligne révèlent aujourd’hui un impact environnemental significatif. L’idée que le numérique serait automatiquement “la solution verte” par excellence est, désormais, remise en question, d’autant plus lorsque le papier offre des avantages propres à son format physique, comme sa capacité à contribuer au stockage du CO2. Loin de proposer un retour en arrière, D&O Partners, la concession Xerox à Bruxelles, vous propose une analyse des avantages et inconvénients du papier et du numérique afin de définir leur utilité respective.

 

Les avantages et inconvénients du papier et du numérique

La comparaison entre les deux filières dépend de trois paramètres principaux de leurs cycles de vie respectifs : le processus de production, l’utilisation et la fin de vie.

 

Filière numérique

De nos jours, l’impact environnemental réel du numérique ne peut plus être négligé. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à cette filière se répartissent en trois principales catégories : les data centers (25 %), les infrastructures réseau (28 %), et les équipements des consommateurs tels que les ordinateurs portables, smartphones, tablettes et autres objets connectés (47 %).

Ces émissions résultent de différentes phases, comprenant la production (extraction de minerais, transformation des composants, distribution), l’utilisation (alimentation en électricité) et la fin de vie des dispositifs (le recyclage et la destruction des matériaux). Bien que la phase d’utilisation soit la moins émettrice en GES, elle demeure significative. Par exemple, elle représente environ 6 % des émissions totales pour un smartphone, 11 % pour un ordinateur portable, et 33 % pour un téléviseur, selon des durées de conservation respectives de 2, 4 et 5 ans.

Le principal inconvénient du numérique provient du recyclage insuffisant des déchets d’équipements électriques et électroniques arrivés en fin de vie. En effet, la quantité de déchets augmente trois fois plus rapidement que la population mondiale, et 90 % d’entre eux sont jetés illégalement. En 2019, 54 millions de tonnes de déchets ont ainsi été générées, soit l’équivalent de 7,3 kg par habitant de la planète. Outre les métaux précieux présents dans les appareils, on y trouve également des substances hautement toxiques. Souvent, ce sont des enfants et des femmes dans les pays en voie de développement qui s’occupent d’en extraire les métaux précieux. Ce processus de semi-recyclage s’avère souvent plus nuisible tant pour les personnes qui récupèrent ces déchets que pour l’environnement, par exemple lorsque les travailleurs brûlent les ordinateurs pour en extraire le cuivre.

En revanche, cette filière se démarque par une simplicité d’usage à toute épreuve, offrant une facilité d’accès à l’information, la possibilité de naviguer rapidement dans des milliers d’archives et une rapidité indéniable.

 

Filière papier

L’empreinte écologique réelle du papier se mesure en grande partie lors de sa fabrication et de son transport jusqu’à l’usine de transformation. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites durant ce processus affichent une grande variabilité en fonction de la gestion forestière et de la provenance du papier. En effet, bien que la majeure partie de notre consommation soit issue d’Europe, une fraction de la pâte nécessaire à sa fabrication provient d’autres continents et de zones à risques, comme le Brésil. Grâce à des pratiques telles que la cogénération (production combinée de chaleur et d’électricité) et l’utilisation des résidus de la fabrication de la pâte à papier (comme les copeaux de bois ou les écorces), la filière a considérablement réduit ses émissions de GES. Ainsi, sur la période de 2005 à 2015, l’énergie nécessaire pour produire une tonne de papier a été réduite de moitié. Malgré tout, la production de cette filière en constitue le point faible principal, car requérant une haute exploitation des ressources forestières et d’eau fraîche.

Au niveau de l’impression, si l’acte en lui-même a un impact énergétique négligeable (ordre de grandeur <0,001 kg CO2 / page), il est cependant important de souligner que les imprimantes ont, elles, un impact sur l’environnement, partagé entre l’extraction des métaux, l’assemblage et le transport.

L’avantage prédominant du papier réside dans sa durabilité. Contrairement aux supports numériques susceptibles de subir des pannes ou des piratages, le papier, correctement stocké, peut être préservé et rester accessible sur une très longue période. De plus, une feuille peut être recyclée jusqu’à sept fois. Ainsi, un recyclage maximal permet de réduire ses émissions de CO2 de 47 %. Actuellement, l’Europe recycle plus de 70 % de son papier, des chiffres comparables à l’échelle mondiale.

 

Comment choisir ?

En évaluant les avantages et inconvénients des deux formats, le choix optimal dépend largement de leur emploi spécifique. D’une manière générale, plus vous utilisez un document, plus le format papier se révèle intéressant. En effet, l’empreinte carbone des dispositifs électroniques augmente avec le temps d’utilisation, tandis que les émissions du papier restent stables après impression. Notons également que chaque consultation de documents numériques provoque des émissions de CO2 via la consommation d’énergie de l’appareil de lecture ainsi que du data center qui héberge l’information recherchée. On estime, en général, qu’il vaut mieux imprimer un document si vous comptez le consulter plus de trois fois. Pour des consultations uniques, le numérique aura un impact écologique moindre, bien que le stockage des données dans les data centers sur de longues périodes contribue également aux émissions, mettant à nouveau en évidence les défis de la durabilité numérique.

Cependant, il est impératif de souligner que l’usage judicieux de ces technologies a également des conséquences bénéfiques non négligeables. Qui plus est, un téléphone conservé pendant une décennie a un impact écologique bien moindre que celui remplacé tous les deux ans. Enfin, le recyclage des appareils diminue partiellement leurs émissions, soulignant l’importance de la gestion appropriée des déchets.

 

Et dans le futur ?

Réduire l’impact environnemental des deux filières repose largement sur l’amélioration du processus de recyclage afin de réduire significativement les déchets générés.

Cependant, en supposant une situation idéale où nous parviendrions à entièrement les recycler, le papier semble posséder un atout supplémentaire. Alors que la capacité à réduire l’empreinte carbone d’un dispositif électronique stagne à un taux théorique de recyclage de 100 %, le papier offre une perspective différente en contribuant à améliorer le bilan carbone global grâce à un stockage temporaire de ce dernier. La transformation d’arbres en papier permet, en effet, de retenir temporairement le CO2 qui serait libéré dans l’atmosphère lors de la combustion. Une étude réalisée dans une papeterie chinoise a révélé qu’en prenant en compte les capacités de stockage de carbone du papier dans une Analyse du Cycle de Vie (ACV), on observe une réduction des émissions de 24 % sur une période de 30 ans.

En associant cette capacité de stockage à celle de l’industrie papetière à accroître le capital naturel par le biais de la reforestation, la filière papier a le potentiel de devenir climatiquement positive et un acteur majeur dans la lutte contre le changement climatique.

 

Conclusion

La décision entre papier et numérique dépendra fortement du contexte. Cependant, il est possible de dégager certains principes généraux. Maximiser la durée de vie des dispositifs (smartphones, ordinateurs, télévisions, mais aussi imprimantes), recycler correctement et minimiser la consommation d’énergie sont des pratiques essentielles. Reste les émissions : même en imaginant atteindre un jour les 100 % de matériaux recyclés, l’emploi des appareils électroniques continuera de produire des gaz à effet de serre (GES), même de manière réduite. Ainsi, si vous comptez consulter régulièrement un document (3 ou 4 consultations), le papier sera la solution la plus durable, tandis que le numérique est préférable pour une seule lecture.